VALDÉS, Marta
(La Havane 1934)
Toute jeune Marta VALDÉS entend sa tante chanter à la maison les thèmes diffusés par la radio. Sa grand-mère l'emmène également écouter chanter différents artistes ou groupes. Bientôt elle apprécie Miguelito VALDÉS, "Cascarita"... Du côté de sa famille paternelle c'est plutôt le piano et la musique classique qu'elle écoute. Elle est aussi passionnée par la lecture, collectionne les feuillets reprenant les textes des chansons. Au milieu des années quarante on lui offre une guitare et des cours avec Francisca VALLATA et elle intègre un groupe de voix et guitares composé d'enfants. Ce qu'elle apprend à la guitare ne lui permet pas de jouer ce qui l'intéresse à ce moment, les thèmes de Roberto FAZ, PORTILO de la LUZ, José Antonio MÉNDEZ... .Elle commence alors à fréquenter des jeunes qui lui permettent de progresser. Avec deux amies elles organisent en 1949 un trio sur le modèle de celui des sœurs LAGO et chantent deux thèmes "Lluvia" et "Mi corazón es para ti". |
Compositeur, guitariste, parfois interprète, Marta fait partie des quelques exceptions qui, dans le mouvement du Feeling, ont pu faire des études de Lettres. Par contre elle n'a aucune connaissance musicale. Le Coro de Cuca Rivero avec Marta. |
Cuca lui présente aussi Giraldo PILOTO, VERA, YÁNEZ.... Elle découvre alors le Mouvement du Feeling. Tous ces compositeurs auront une influence déterminante dans la carrière de Marta VALDÉS. PILOTO l'aide à transcrire les compositions qu'elle commence à écrire. Il l'initie également au Jazz.
Vicentico Vadés, Marta, Giraldo Piloto Rosendo Ruiz. 1957. Giraldo Piloto et Marta en 1958. Elle fait une autre rencontre importante en 1957 en la personne de la guitariste Leopoldina NUÑEZ auprès de qui elle découvre des accords de guitare qui l'émeuvent et qui sont ceux qu'elle nécessite pour poursuivre ses créations. Ses travaux connaissent alors un premier succès. "Bebo" VALDÉS commence à enregistrer ses thèmes: "No es preciso", "No te empeñes"… Les débuts de Fernando ÁLVAREZ comme soliste se font avec trois de ses thèmes. |
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Marta débute gratuitement sur les ondes de Radio Minuto Nacional dans le programme Feeling para Usted en 1958 et à la télévision l’année suivante mais ne reste connue que dans la mouvance du Feeling par un petit cercle d'initiés, celui qui interprète ses compositions "Palabras», "Tú no hagas caso", "Llora".... Ce n'est qu'exceptionnellement qu'elle monte sur scène pour faire connaître ses œuvres. Marta VALDÉS travaille alors comme conseillère musicale du Teatro Estudio pour lequel elle compose également et poursuit cette collaboration de nombreuses années |
Au début des années soixante la situation politique et les nouvelles donnes sur le plan artistique ne favorisent pas son travail et si Doris de la TORRE chante trois de ses thèmes dont « Tú dominas » dans son disque du même nom, seule Elena BURKE n'hésite pas à chanter régulièrement son répertoire et devient l'un de ses principaux soutiens. L’expérience radiophonique a été brève. La radio et la télévision ne relaient pas son travail. Elle n'en continue pas moins à composer. En 1962 Marta arrange des poèmes de Nicolás Guillén. Pablo MILANÉS enregistre quelques-uns de ces textes. Les compositions de Marta, se situant dans une seconde étape du Feeling, sont sophistiquées et abondent en modulations.
En 1967 Miriam RAMOS interprète cette dernière composition pour le Festival de la Canción Protesta à La Havane ainsi que « ¿Hacía donde ? » et « Nunca el Otoño » pour le Festival Internacional de la Canción à Varadero. Participant deux ans plus tard au Festival Orfeo de Oro en Bulgarie, Miriam diffuse pour la première fois hors de l’île un thème de Marta « Canción desde otro mundo ». |
Marta VALDÉS continue à cette époque à étudier la composition, notamment avec Harold GRAMATGES. Les premières années de la décennie suivante représentent un moment difficile. Marta est peu diffusée par les médias et en 1975 elle décide d’assurer personnellement la promotion de ses œuvres en les chantant elle-même montant de plus en plus fréquemment sur scène … Trois ans plus tard « Canción eterna de la juventud » lui vaut le Grand Prix du concours A. Guzmán. Marta, Bobby Jiménez et Elena Burke lors du Concours Guzmán. |
Mais en 1980 Pablo MILANÉS enregistre cinq de ses thèmes pour son disque « Filín ». En 1981 sort un disque comportant ses compositions des années soixante et soixante-dix. Miriam RAMOS à son tour enregistre ses compositions deux ans plus tard et au milieu des années quatre vingt la télévision enfin lui ouvre ses portes pour célébrer ses trente ans comme compositeur. De nombreux interprètes viennent la chanter. Marta se fait de nouveau remarquer en composant la musique de La Zapatera Prodigiosa de Lorca. Ce n’est qu’en 1987 qu’elle peut réaliser son premier voyage à l’extérieur comme interprète pour le Festival de Bolero de Mexico ainsi que pour des concerts dans plusieurs autres villes avec le spectacle Toda una época. Avec les grands du Filín cubain. |
Au début de la décennie suivante elle crée sa peña et enregistre son disque « En la Imaginación ». C'est alors Gonzalo RUBALCABA qui tient le piano. Le Canada l’accueille en 1991 puis la Colombie où elle se présente au Festival Boleros de América et en concert avec la « ORQUESTA ARAGÓN », Elena BURKE… Elle récidive deux ans plus tard. La peña de Marta Valdés. |
Marta avec Chano Domínguez. |
Puis en 1996 Marta chante en Espagne où sa rencontre avec le pianiste espagnol Chano Domínguez débouche, à l'initiative de ce dernier, sur un enregistrement à Madrid en 1999 pour lequel Marta interprète ses créations "En la imaginación", "Palabras"… ainsi que celles de PILOTO y VERA, TOUZET, ROJAS. Le disque qui sort porte le nom de la composition qui a permis à Marta de s'inscrire dans le mouvement du Feeling "Tú no sospechas". Il allie avec bonheur les deux amours de Marta VALDÉS, le bolero et le Jazz. En collaboration avec Sergio VITIER elle réalise ensuite un disque "Nuestra canción" qui lui vaut le Grand Prix lors du Cubadisco 2001 à La Havane. |
Marta chante en Espagne avec César PORTILLO de la LUZ. L'année suivante elle se présente pour une série de concerts en République Dominicaine. C’est cette année-là au tour de Sara GONZALÉZ de réaliser un enregistrement « Sin ir más lejos » de compositions de Marta. Marta et José Portillo de la Luz. |
En 2003 voit le jour le disque "Doce boleros mios". L’année suivante elle écrit un livre, Marta Valdés. Donde vive la música. Parallèlement à cette carrière Marta VALDÉS, a tojours écrit comme critique, depuis les premiers numéros de Revolución en 1959 dans lequel elle écrit sous le pseudonyme de M. Elevé. Elle poursuit cette activité dans La Gaceta de Cuba, réalise des interviews, rassemble et publie l'ensemble en 2004 sous le titre Donde Vive la Música. |
© Patrick Dalmace
Discographie
sélectionnée:
* " La Música de Marta
Valdés", L.H., 1960-70, Egrem 0171.
* " Tú no sospechas",
Madrid, 1999, El Europeo 21.
* " Nuestra canción", La Havane,
2000, Unicornio 7008.
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